DANS SA MAISON PRIVÉE, FREDERIKSBERG
56 ANS
STYLISTE et MAQUILLEUR INDÉPENDANT
@STYLISTPERNILLEHOLM
Trine : Il y a un vieux dicton : « L’habit fait le moine »... est-ce qu’il y a du vrai là-dedans ?
Pernille : Oui, tout à fait… On communique beaucoup par nos choix vestimentaires. Que ce soit une décision consciente ou inconsciente, la façon dont on s'habille en dit long sur soi. Ma façon de m'habiller est souvent très variée, mais elle part toujours de mon humeur.
Trine : C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’aime créer des vêtements… Illustrer la personnalité de quelqu’un. Les vêtements sont comme une carte de visite. Penses-tu que cela puisse être perçu comme une confusion de style lorsque tu te mets en scène chaque jour différemment ?
Pernille : Je ne vois pas ça comme une mise en scène. C'est juste une façon impulsive de s'habiller, et chaque jour est différent.
Trine : C’est en fait l’histoire derrière « One Week Wardrobe », les vêtements que vous portez sur la photo. L’idée est que chaque jour ait un thème et un nom, car chaque jour est différent, avec ses propres besoins et opportunités. Par exemple, le Mardi Rodéo, le Mercredi Workwear et le Samedi Glamour… L’idée est que nous avons tous besoin de nous exprimer à travers nos vêtements, alors pourquoi ne pas laisser chaque jour avoir son propre nom et sa propre histoire ?
Pernille : Exactement - et de cette façon, les vêtements sont une extension de notre humeur, et bien sûr, ils doivent être coordonnés avec nos activités... Il y a des règles non écrites, par exemple, concernant l'habillement pour les funérailles, et je les suis certainement.
Trine : Oui, s'habiller est aussi une sorte de communauté culturelle où l'on signale à quelle tribu on appartient… C'est aussi inspirant de s'y plonger. Et puis il y a la question de la qualité… Je sais que cela joue un rôle très important pour vous dans votre boutique Tootsie, où vous vendez des vêtements et accessoires vintage et d'occasion de haute qualité. Qu'est-ce qui est de bonne qualité pour vous ?
Pernille : Oui, je ne craque pas pour tout, et je ne vends certainement pas tout. Il faut que ça passe par le détecteur de qualité et l'inspection de l'humeur… mon nez sent la qualité, et peu m'importe que ce soit neuf ou ancien, pourvu que ce soit bien fait. Il faut de bons matériaux, une coupe soignée et un savoir-faire artisanal. Ayant été styliste et costumière pendant de nombreuses années dans le cinéma et la publicité, j'ai l'œil exercé pour distinguer la bonne et la mauvaise qualité, et mes doigts sentent immédiatement si c'est bien fait. Donc, pour moi, la bonne qualité, c'est quand ça vaut la peine d'être préservé.
Trine : Je ressens la même chose, et c'est un sujet dont nous parlons beaucoup chez STELLA NOVA : les vêtements doivent être bien faits et, surtout, fabriqués dans des conditions optimales… Nous consacrons beaucoup de temps et d'énergie à cette recherche. De même, mon rêve et ma vision sont que les vêtements soient faciles à porter et à entretenir, pour durer de nombreuses années et être réutilisés encore et encore.
Pernille : C'est la chose la plus importante pour moi... Et les vêtements doivent vous parler, apporter de la joie et de l'excitation, et de cette façon, ils sont de petites œuvres d'art qui font la différence.
Trine : Exactement, et je n'ai aucun doute sur ce que j'aime ou n'aime pas… Ça peut aller dans des directions très différentes… Mais c'est justement le plaisir que de nouvelles combinaisons puissent créer de nouvelles expressions, et c'est ce qu'il faut pour évoluer. Cela vaut aussi pour la nourriture, la déco, etc. Il faut se réjouir que les frontières bougent et que de nouvelles expressions émergent. C'est aussi évident dans votre nouvelle boutique Tootsie sur Gl. Kongevej à Frederiksberg, que vous avez créée avec votre mari Leif… C'est absolument fantastique, et vous avez un talent incroyable pour créer des univers. Cette boutique en est un parfait exemple. Mais c'est amusant que vous ayez une boutique… En même temps, je sens que vous n'aimez pas vous séparer de vos objets… Comment cela s'articule-t-il ?
Pernille : Ce qui me passionne, c'est de trouver les vêtements… C'est ce qui me motive. Au fil des ans, j'ai accumulé une collection de costumes assez importante que j'utilise pour des publicités et des films, et je ne peux pas me permettre de la garder au placard. J'aime aussi habiller les gens, les observer, les faire briller et leur faire vivre de belles expériences. Ils n'achètent absolument rien si je trouve que ça ne leur va pas… Parce que je préfère tout garder pour moi.
Trine : Qu'en est-il de Bornholm... Je sais que c'est aussi devenu un endroit qui signifie beaucoup pour vous, et comment cela est-il arrivé ?
Pernille : En famille et entre amis, nous y avons toujours passé beaucoup de temps, et soudain, l'opportunité d'acheter Nansens Gaard à Svaneke s'est présentée, et nous nous y sommes lancés avec des amis. C'est une chambre d'hôtes et un lieu où l'on peut organiser des fêtes et autres événements… Les possibilités sont nombreuses, et c'est un projet passionnant. Leif s'y est installé et y vit définitivement. Il s'occupe également de toute la rénovation, un travail colossal, mais il excelle dans ce domaine, et c'est une toute nouvelle façon de vivre ensemble. Nous sommes en couple depuis 35 ans et nous travaillons bien ensemble. Il me manque au quotidien, mais je trouve aussi cette nouvelle vie et ce nouveau projet amusant et stimulant.
Trine : Je trouve que tu impressionnes par ton esprit d'entreprise et ton intransigeance, car je sais que tout devient super beau et bien fait quand tu t'impliques. L'habit fait peut-être le moine, mais tu crées des expériences pour nous tous. Leif est aussi le créateur de Granola, l'un des cafés les plus raffinés et les plus cosy de Copenhague… Bravo à toi de te lancer dans une boutique et un Bed & Breakfast à Bornholm… Tu es génial, et je te souhaite bonne chance pour tes nouveaux projets.
Merci pour votre temps, chère Pernille... ce fut un plaisir.
